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LE WEB PEUT-IL BANALISER LA PRATIQUE DE L’ADULTERE ?
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AshleyMadison : l’audace d’un site à la limite de la provocation
- Nous avons tous été, à un moment ou à un autre, confronté aux sollicitations pressantes d’un site de rencontre par Internet. Tous nous promettaient de rompre avec le célibat et la solitude en nous assurant, grâce au nombre de leurs inscrits, que nous allions, statistiquement parlant, rencontrer l’âme sœur ou pour le moins, trouver celui ou celle qui serait susceptible de l’être. Le dernier moyen proposé pour y parvenir a été l’utilisation de la Webcam, une véritable petite révolution dans le domaine de la communication, qui nous permet aujourd’hui de dialoguer à distance, par écran vidéo interposé, avec le prétendant ou la prétendante à une vie à deux. Le tchat cam ou le tchat par webcam était né. Or, si ce nouveau vecteur contribua très vite au développement de nombreux sites, qui ont su l’utiliser dans le cadre de rencontres sexe, d’autres sites, plus conventionnels ont évité son utilisation craignant de la part de leurs adhérents des dérives susceptibles de froisser la morale et la bonne conscience de nos sociétés. Cependant, ces mêmes sites, en avouant ne s’adresser qu’aux célibataires, aux âmes seules et aux timides maladifs, ont oublié de mentionner, ce qui n’est un secret pour personne, qu’ils abritaient aussi, une autre frange de la population ne souffrant guère de solitude, mais bel et bien engagée dans une aventure de couple. Ces hommes et ces femmes qui composent cette population ayant tous pour dénominateur commun la recherche de nouveaux frissons à travers une aventure parallèle. Autrement dit, bien décidés à tromper celui ou celle dont ils partagent la vie. En clair, ces sites cautionnaient sans se l’avouer, une pratique considérée comme moralement répréhensible : l’adultère. Aucun de ces sites ne s’est dit être directement intéressé par cette clientèle, pourtant prête à payer pour commettre ce genre de pêché. Et pour cause, une telle entreprise, aussi osée, a toujours été jugée comme peu viable, parce que susceptible de heurter certaines sensibilités au risque de provoquer un tollé insupportable, ou tout simplement d’attirer sur elle les foudres de la critique des media.
La recherche d’expériences nouvelles
- C’est ce que vit depuis plus de dix ans ce canadien de Toronto, Noël Biderman, qui osa affronter ce « tabou » et l’hypocrisie qui l’entoure en lançant en 2001 « AshleyMadison.com » le premier site de rencontre destiné aux personnes mariés ou ayant une relation continue avec quelqu’un. Son idée partait d’une simple observation faite sur les sites de rencontres classiques où il s’aperçut que plus de 35% des inscrits entretenaient déjà une relation avec une autre personne, soit à travers le mariage, soit à travers une vie commune, et que tous, étaient à la recherche des fortes sensations qu’offre une relation adultérine. Pourquoi donc, ne pas s’adresser directement à eux en leur dédiant un site consacré uniquement à cette pratique ? C’est ce que fit Noël Biderman, d’abord au Canada, puis aux Etats-Unis où il fut très mal accueilli, attaqué notamment, sur l’objectif du site considéré par la société bien pensante américaine comme éminemment immorale. « AshleyMadison » fut accusé également par la concurrence, pourtant habituée au tchat par webcam, et aux rencontres sexe, d’être une entreprise bâtie sur le dos des cœurs brisés, de ruiner les mariages et de détruire l’harmonie des familles. Ce, à quoi Noël Biderman a toujours répondu que son site était juste une plate-forme, et qu’un site web ou un simple message publicitaire ne pouvait à lui seul convaincre une personne à commettre l’adultère. Celle-ci serait passée à l’acte de toute façon. Il faut dire que le slogan choisi pour lancer sa campagne « Life is short, have an affair » en français « La vie est courte, ayez une aventure » était assez provocant et ne souffrait d’aucune ambigüité, d’autant que pour illustrer ce message, la publicité montrait un couple dans un lit où il était dit : « Ces deux personnes sont mariées, mais pas ensemble ».
Une véritable quête de l’audace
- Noël Biderman avait trouvé le ton de ces campagnes, il lui fallait trouver des espaces et des supports prêts à accepter de diffuser son message. Sur ce plan là, il a fait preuve d’une certaine originalité et surtout de beaucoup d’audace. Il faut dire que dès son lancement et grâce à une campagne publicitaire rondement menée à travers la Télé, la Radio et la presse écrite « AshleyMadison » connut un succès aussi considérable qu’inattendu, tant au Canada qu’aux Etats-Unis. Les dollars coulaient à flots lui donnant les moyens de sa politique. Tout était bon pour ce faire connaitre. Les idées les plus audacieuses étaient les bienvenues. Dans cette quête de l’audace, il essuya parfois quelques refus, qui contribuèrent malgré tout à sa célébrité. Comme en 2009, avec le refus par la chaine NBC de diffuser une annonce d’Ashley Madison à l’occasion du Super Bowl XLIII, sous prétexte que celle-ci était immorale et provocatrice. Noël Biderman qualifia cette interdiction de ridicule, arguant que la NFL (National Football League) autorise bien des publicités pour l'alcool, tout en sachant que ce dernier est la cause de milliers de décès chaque année. En décembre de la même année, Ashley Madison s’est vu refusé par la Toronto Transit Commission l’achat de panneaux publicitaires pour un montant de 200.000 $ canadiens, destinés à habiller les tramways de la ville. Là encore, l’image et le slogan utilisés n’étaient pas du gout de la commission qui ne voulait pas, avec un tel affichage, participer à une campagne portant atteinte aux valeurs fondamentales du pays et cautionner un message qui prône la tricherie et le mensonge. Noël Biderman avait pourtant promis, qu’en cas d’accord, il financerait à hauteur de 25 cts le prix du billet, durant toute la période de la campagne. En Février 2010, toujours à la recherche de sensationnel, Noël Biderman approcha la ville de Phoenix en Arizona avec une offre de 10 millions de dollars pour rebaptiser, sur une période de cinq ans, l’aéroport de la ville « Sky Harbor Airport » en « Ashley Madison Airport International ». Bien que la ville fût en difficulté financière, elle rejeta l'offre. En Octobre 2011 enfin, « Ashley Madison » a offert au club de basket-ball « Virtus Roma » un contrat de sponsoring maillot d’une valeur de 1,5 million d’euros, dont une grande partie aurait servi au retour dans son pays natal en lock-out NBA, du joueur évoluant au « Raptors » de Toronto Andrea Bargnani. Un prêtre catholique, Mgr. Flavio Capucci, fervent supporteur du Virtus, attaqua vivement l'accord et le fit capoter, considérant ce dernier comme « Une trahison de la valeur et de l'identité du sport ». Le joueur, quant à lui, aurait nié toute implication dans l'affaire. Ashley Madison compte, aujourd’hui près de 7 millions d’utilisateurs au Canada et aux états-Unis mais aussi en Nouvelle-Zélande, en Australie, en Irlande et en Angleterre. Noël Biderman s’est donné deux nouvelles cibles, la France et l’Allemagne où le site entrera en activité probablement courant 2013, dès que les versions française et allemande seront prêtes. Pour son succès, il fonde beaucoup d’espoir sur le libéralisme des français et la tolérance des allemands, d’autant, qu’il pense qu’une relation extraconjugale peut parfois sauver un couple. A.D.